Lorsqu’en 1958 Russ Jackson arrive sur la scène de la LCF en provenance de l’Université McMaster, où il est athlète-boursier, on doute qu’un Canadien puisse se démarquer au poste de quart-arrière, une position traditionnellement occupée par des joueurs américains. Jackson ne mettra que quelques années à reléguer cette tradition aux oubliettes. Ses performances démontrent hors de tout doute que le talent n’a rien à avoir avec la citoyenneté. Habile, tenace et affichant une confiance inébranlable, Jackson s’affirme comme l’un des plus grands quarts-arrière dans l’histoire de la LCF. Évoluant à Ottawa pendant les 12 saisons que dure sa carrière, Jackson mène les Rough Riders aux grands honneurs à trois reprises, gagnant la Coupe Grey en 1960, 1968 et 1969. Trois fois il est récipiendaire du trophée Schenley à titre de Joueur par excellence de la ligue, soit en 1963, 1966 et 1969. De plus, il remporte le trophée Jeff-Russel Memorial comme Joueur par excellence de la Division Est en 1959 et en 1969. Sur le terrain, Jackson, constitue une constante menace tant par la passe qu’au sol. Il conserve une moyenne de 6,6 verges par course amassant 5 045 verges au sol tout en complétant 53,3 % de ses passes et des gains aériens de 23 341 verges. Il réussit 184 passes de touché et en ajoute 55 autres en portant lui-même le ballon. En 1969, il scelle sa carrière sur une note dramatique. Cette année-là, il mène les Rough Riders à la Coupe Grey remportant les honneurs de Joueur par excellence de la rencontre. Les fidèles partisans des Rough Riders qui assistent au match lui démontrent leur amour à l’aide d’affiches sur lesquelles on peut lire « In Russ we Trust » (nous croyons en Russ). Ses exploits au poste de quart de l’équipe lui valent le trophée Lou-Marsh décerné à l’Athlète de l’année au Canada. Après deux saisons comme pilote des Argonauts, en 1975 et 1976, Jackson abandonne définitivement le football. Titulaire d’un diplôme en mathématiques et un autre en enseignement, il deviendra professeur de mathématiques au secondaire puis directeur d’école. En 1986, l’Union athlétique inter-universitaire canadienne crée un prix qui porte son nom et qui est remis annuellement au joueur de football qui se démarque par ses aptitudes athlétiques, ses résultats académiques et sa contribution civique, des qualités que Jackson a démontrées tout au long de sa carrière. En 1970, il est fait Officier de l’Ordre du Canada et, trois ans plus tard, il est intronisé au Temple de la renommée du football canadien.