En carrière dans la LNH, Paul Henderson connaît pas moins de sept saisons avec au moins 20 buts, dont un sommet de 38 buts en 1971-1972 avec les Maple Leafs de Toronto. Cette performance lui vaut une invitation au camp de sélection d’Équipe Canada qui se tient en août au Maple Leaf Garden, son coin de jardin pour ainsi dire. Personne n’aurait su prédire comment cette désormais célèbre série allait se dérouler. Lors des cinq premiers matchs de la Série, Henderson tient son rôle pour autant se démarquer. Il contribue comme les autres, n’est pas la cause de buts de l’adversaire et il donne tout ce qu’il peut. Mais après cinq matchs, les Soviétiques ont le dessus avec trois gains, un seul revers et un match nul. Le Canada se doit de remporter les trois autres rencontres, toutes disputées à Moscou, pour espérer sortir vainqueur et fièrement conserver sa place au sommet du monde du hockey. Le moins que l’on puisse dire est que Henderson a pris les choses en main. Dans le sixième match il enfile le but gagnant. Dans la septième rencontre, il se faufile entre les défenseurs soviétiques et, en tombant sur la patinoire, il lance par-dessus l’épaule du gardien Vladislav Tretiak pour inscrire le but le plus spectaculaire de la Série et créer l’égalité. Durant la dernière minute de jeu du huitième et ultime match, alors que le pointage est de 5 à 5, il crie à Peter Mahovlich de retraiter vers le banc. Henderson saute sur la glace, se dirige droit au but et s’élance à deux reprises pour finalement loger le disque derrière Tretiak avec seulement 26 secondes de jeu au cadran. Le Canada, grâce au but héroïque de Henderson, l’emporte 6 à 5 et enlève les honneurs de la Série. À travers le pays, on entend partout sur les appareils radio « Henderson, lance et compte ». Ce but change à tout jamais le dénouement du hockey au Canada et, du même coup, la vie de Paul Henderson. Le but de Henderson est considéré par plusieurs comme le plus significatif dans l’histoire du hockey et propulse son auteur dans une célébrité d’une proportion sans précédent. Il revient à la LNH et connaît deux saisons acceptables dans l’uniforme des Leafs avant d’évoluer dans l’AMH. Bien que sa fiche dans la LNH ne soit pas à dédaigner, lui qui inscrit 236 buts en 707 matchs, c’est son jeu inspiré et son opportunisme lors des trois derniers matchs de cette Série en septembre 1972 qui font de lui un personnage légendaire. Personne dans l’histoire du hockey n’a jamais réussi des buts qui revêtent autant d’importance pour un pays, quel qu’il soit.